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Entretien avec François de Roubaix

Propos recueillis par Jacques Guiod et parus dans le magazine ECRAN du 15 septembre 1975.

François de Roubaix m'a reçu dans le salon de son appartement de la rue de Courcelles, pièce immense où les meubles sont remplacés par des instruments de musique. Ils sont tous là, du synthétiseur à la guimbarde, de la flûte arabe au piano de concert. Instruments de musique, instruments de travail. Car ce salon est aussi le studio d'enregistrement où François de Roubaix donne la vie à des dizaines et des dizaines de bandes sonores. Frankenstein de la musique, il travaille seul, au coeur de la nuit, avec ses magnétophones. Patiemment il enregistre, écoute, enregistre à nouveau, pour qu'au petit matin naissent quelques minutes de rêve.

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Quelle est ta formation de musicien ?
C'est une formation d'autodidacte et de jazzman. Vers 15 ou 16 ans, alors que j'étais encore lycéen, à l'époque de Sydney Bechet et des surboums, je me suis pris de passion pour le jazz et, avec une bande de copains, mauvais élèves comme moi, je suis allé aux Puces pour acheter des instruments. Nous avons formé un petit orchestre et j'ai même été tromboniste de jazz professionnel pendant deux ans,

vers les années 58-59. J'étais toujours étudiant mais je gagnais ma vie comme cela, en jouant dans tous les orchestres de Dixieland de l'époque. J'ajouterais à cela que je n'ai jamais appris aucun instrument lorsque j'étais enfant et que je n'ai aucun antécédent musical dans ma famille, si ce n'est un arrière grand-oncle extrêmement éloigné, qui s'appelait César Franck. Lorsque j'ai débuté dans la musique de film, j'ai été obligé de parfaire cette formation.je ne savais ni lire ni écrire la musique, je ne jouais que des thèmes de jazz d'oreille. Il m'a alors fallu prendre des traités d'instrumentation et de solfège. Non, je n'ai pas fait de véritables études musicales, j'ai tout appris moi-même, en faisant essuyer les plâtres à beaucoup de gens.

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Quelles sont les circonstances exactes qui t'ont amené à composer de la musique de film ? 

J'ai un père producteur de cinéma, principalement producteur de court-métrages de commande. Il m'a fait faire un peu tous les métiers du cinéma: assistant du photographe de plateau, ingénieur du son, monteur. Un jour, alors que je commençais à jouer convenablement du jazz, il m'a proposé d'essayer de faire la musique d'un court-métrage. Il s'agissait de L'OR DE LA DURANCE d'Enrico, en 1959.Ca s'est très bien passé et j'ai été amené à composer d'autres musiques, également à l'oreille. Lorsque j'ai eu d'autres propositions, j'ai compris ...

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